Vous avez une créance impayée par votre client.
Celui-ci vend son fonds de commerce.
Quelles sont les actions à accomplir pour préserver sa créance ? et que faire
quand :
· La
publication BODACC ne mentionne pas le nom du séquestre et seulement « les
oppositions sont effectuées au fonds vendu », ou lorsque les coordonnées du
séquestre figurent au JAL et non au BODACC ?
Ainsi qu’il
a été précisé précédemment, l’opposition doit être adressée à
l’acquéreur, au domicile élu par ce dernier dans le délai de 10 jours.
En effet,
la mention du séquestre ne constitue pas une mention obligatoire selon l’article
L 141-13 du code de commerce.
En
conséquence, l’absence de mention du séquestre n’affecte par la validité de
l’opposition délivrée au fonds vendu dès lors que le créancier se conforme aux
termes de l’avis publiant la cession.
Cela étant,
il est opportun de consulter les éventuelles annonces aux Journaux d’annonces
légales pour vérifier les conditions de la cession du fonds de commerce. En
fait, le séquestre devient l’interlocuteur du créancier quant aux modalités de
règlement de la créance.
· Comment
retrouver la publication originale effectuée au JAL ?
A la
diligence de l'acquéreur, l’avis de la cession est publié « dans un journal
habilité à recevoir les annonces judiciaires et légales dans l'arrondissement ou
le département dans lequel le fonds est exploité.
A cet
égard, une plateforme numérique a été créée en 2014 sous la dénomination « Portail
d'accès à la publicité légale des entreprises » pour permettre un accès, en
un point unique, (www.pple.fr)
aux informations disponibles sur les sites suivants : www.infogreffe.fr ;
www.bodacc.fr ; www.actulegales.fr.
Ainsi, muni
de l’identifiant au registre du commerce de son débiteur, le créancier peut
suivre son activité suivant les publications éditées, notamment celles relatives
à la cession du fonds de commerce.
· Si
vous êtes hors délai, quels sont les recours ?
Ainsi qu’il
a été précisé précédemment, l’opposition doit être adressée à
l’acquéreur, au domicile élu par ce dernier dans le délai de 10 jours.
Le
non-respect du délai de 10 jours prive le créancier de ses droits sur le prix de
vente.
Cependant,
au-delà des 10 jours, si le créancier est titulaire d’un titre exécutoire, il
peut faire procéder à une saisie attribution entre les mains du séquestre. Cette
mesure permettra la prise en compte de sa créance lors de la répartition.
A défaut de
titre exécutoire, le créancier peut toujours se rattraper en demandant au
Tribunal l’autorisation de procéder à saisie conservatoire du prix de vente.
Cette action doit être suivie par une action au fond pour obtenir un titre
exécutoire.
Toutefois,
ces actions ne présentent d’intérêt qu’en présence d’un séquestre qui détient
toujours le prix de cession ou d’un débiteur qui est solvable par ailleurs. A
défaut, l’acte conservatoire comme le tire exécutoire auront des effets limités.
Pendant
combien de temps le séquestre peut-il conserver les fonds de la cession ?
L’opposition effectuée régulièrement rend indisponible le prix de cession du
fonds de commerce.
Au-delà
des 10 jours prescrits pour former opposition, cette indisponibilité dure
pendant 5 mois, dont le décompte s’effectue comme suit :
·
La cession doit être publiée au BODACC et au journal d’annonces légales dans les
15 jours à compter de la date du contrat de vente du fonds de commerce.
(art 141-12 C.Com)
·
La cession doit être déclarée à l’administration fiscale dans les 45
jours à compter de la date de publication de la vente au journal des annonces
légales. (art.201 CGI)
·
L’acquéreur est, à concurrence du prix de cession, solidairement responsable
avec son vendeur du paiement de l’IR, pendant 90 jours à compter du dépôt
de la déclaration des résultats.
· Si vous êtes créancier chirographaire, comment connaître la totalité du passif,
privilégié au chirographaire, qui permettrait de connaître vos chances de
récupérer tout ou partie de votre créance ?
En pratique, le séquestre conventionnel désigné
délivre cette information aux créanciers opposants.
· Si,
malgré une opposition valablement formée, le séquestre ne se libère pas des
fonds qu’il détient au bénéfice du vendeur, quels sont les recours ?
L’expiration du délai de 5 mois d’indisponibilité
du prix de vente ne signifie pas que le séquestre doit régler les créances
visées dans les oppositions. En effet, le séquestre conventionnel ne peut
procéder au paiement sans le consentement des parties à la cession.
Or, ce
blocage peut émaner du vendeur consister en une manœuvre dilatoire du vendeur
dans l’espoir, notamment, que la prescription de la créance devienne acquise,
lorsque le créancier n’est pas titulaire d’un titre exécutoire.
Afin de
mettre fin au blocage, le créancier peut adopter la solution prévue par L 143-21
du code de commerce qui autorise le créancier à « se pourvoir en référé
devant la juridiction compétente du lieu de l'élection du domicile, qui ordonne
soit le dépôt à la Caisse des dépôts et consignations, soit la nomination d'un
séquestre répartiteur ».
Le
séquestre répartiteur reçoit de chaque créancier un décompte de la créance, puis
établit dans les 2 mois un projet de répartition qu’il notifie au
débiteur et créanciers. A défaut dans contestation sous 15 jours
de cette notification, le projet devient définitif. Le paiement doit intervenir
dans la 15 jours qui suivent.
En cas de
contestation du projet, le séquestre convoque les parties pour une tentative de
répartition. Si la conciliation échoue, la partie la plus diligente saisit le
Tribunal de Commerce qui procède à la répartition. Le paiement intervient 15
jours après la notification à a caisse de consignation du Jugement devenu
définitif.
La
rétribution du séquestre est prélevée sur les fonds à répartir et supportée par
les créanciers, au prorata de la somme qui revient à chacun d'eux.
A
BAROLLE
A
MELGOU